Roulling- Relation

Kato: aimer et servir

       Veuillez bien noter que nous transcrivons les articles suivants dans le style d’une époque, heureusement dépassé. (Père J.Roulling)




         Au sujet du Colonel Jean Rouling, nous vous communiquons quelques articles découverts au cours de nos recherches.


        Le livre « Avec les Vainqueurs de Tabora » de Pierre Daye est particulièrement  documenté sur les exploits du Major Rouling.

        Dans un autre livre de Pierre Daye intitulé « l'Empire Colonial Belge » nous lisons à la page 94… « Les batailles  se multipliaient ; en juillet, à Kato, une lutte sauvage fut livrée où l'on vit le major Rouling, un des plus purs héros de la guerre africaine, se battre en combat singulier avec un officier allemand, à quelques mètres, devant les armées ennemies en présence, et recevoir cinq blessures, dont un œil crevé, tandis que son adversaire, deux fois atteint, se rendait bientôt à merci. »

-------------------------------------------------------------------------------------------------

    Un premier article de « Le soir »  du 3 juillet 1936 intitulé :
    Un glorieux anniversaire – Kato - 3 juillet 1916

    Notre envoyé spécial au Congo a eu l'occasion, ces temps derniers, d'évoquer les faits d'arme de nos soldats, noirs et blancs, en territoire africain. Ils se sont montrés dignes de leurs aînés, ceux de l'autre guerre, qui encerclèrent les troupes allemandes de von Lettov, qui inscrivirent les noms de Tabora et de Mahenge. Nous avons demandé au général Molitor, qui commandait alors la fameuse « brigade Nord », à raconter pour nos, lecteurs le plus émouvant de cette campagne, celui qui décida, il y a trente ans, du sort de la bataille africaine.

    Un vrai soldat, un homme d'action accompli : le colonel Jean H.Rouling ancien commandant du 4° Régiment des troupes coloniales,  est né en 1869 à, Arloncourt (Bastogne) où il repose depuis novembre 1939.
    Il y a trente ans, nos troupes  marchaient sur Tabora : Rouling conduisait, depuis les positions de la Sebea (Nord du lac Kivu) la colonne de droite de la brigade Nord que j'avais l'honneur de commander. Il le fit au milieu de très grandes difficultés dont il triompha grâce à sa volonté farouche de « sanglier des Ardennes ».
    Bien qu'il ne disposât pas de grandes facilités de portage du restant  de nos brigades, cela ne l'empêcha pas de s'acquitter brillamment des missions importantes qui lui furent confiées.
Parti le 11 juin de Kaninja (méridien de Kigali) avec sa colonne (deux petits bataillons :XI° du commandement Löken, XIII° du commandement Pauwels et batterie St.Chamond du commandement Jadot) en vue de soutenir la colonne de gauche, marchant hâtivement vers Biaramulo, ils atteignirent le 16 juin le Ruwuwu dont il força le passage à Ruanilo ; il poursuivit sans éclat sa marche vers  Biaramulo sur les traces de l'ennemi en retraite, avec la mission d'intercepter la retraite du Hauptmann Godovirus, commandant des forces allemandes du Bukoba. Les forces anglaises du général Crewe bordaient la basse Kagera.
    La tête de la colonne Rouling atteignait le lac Victoria le 29 juin et le colonel Rouling organisait aussitôt un réseau de surveillance et de garde, face au Nord, la droite à Busirajembo sur le lac, sur un front de 5O Kms.  À vol d'oiseau. Il se tenait vers le centre  à Kato (Nyakerensu, point d'eau constituant passage obligé). Löken était à la droite à Busirajembo, Pauwels à la gauche à Bukara.
    Le 3 juillet 1916, à Kato, Rouling, livrait au hauptmann Godovius, commandant une colonne de 600 noirs, avec canons et mitrailleuses, un sanglant combat de six heures environ, à la suite duquel la colonne fut gravement annihilée et son chef fait prisonnier.
Rouling fut gravement blessé et dût être évacué durant le combat, dont la direction fut reprise par le Commandant Hubert.
On se fera une idée de l'acharnement de la lutte en considérant qu'à un moment sept européens et une trentaine de  nos Belges soutinrent l'attaque de quatre cents blancs et noirs ennemis!
Nos pertes furent : 4 européens tués (sous-lieutenants de Beughem de Houthem et de Zitter ; sous-officiers Bauwerlynck et Domkem) et 5 européens blessés (major Rouling, commandant Lescornez, sous-lieutenant Linstedt, sous officiers De Becker et Domken André) sur un total de 17 européens.
Sur un total de 157 noirs, nous avions 29 tués et 30 blessés.
La défaite complète de Godovius à Kato eut sur les Allemands un effet démoralisant considérable.
Ils avaient escompté la jonction de Godovius avec les défenseurs de Mwanza, par le sud du lac.
    Les Anglais de l'Ouganda, n'ayant pu garder le contact avec Godovius dans sa retraite vers le sud, furent fortement impressionnés par le succès de Kato : ne croyant absolument pas qu'il fut possible aux Belges d'intercepter la retraite de Godovius, vu l'extrême difficulté de  cette entreprise.
    Le général Crewe avait proposé que les Belges fournissent un contingent de 1000 belges et de 2 batteries St Chamond de 70 mm, qui avec 1200 anglais se seraient embarqués à Namirenbe le 10 juillet pour attaquer Mwanza le 12 par le Nord-Est.
    L'historique officiel de la campagne d'Afrique est muet quant à la portée considérable de Kato sur la suite des événements.
    La brillante victoire de Rouling s'explique : elle est due à l'énergie indomptable de ce chef modèle qu'animait une foi ardente dans la justice de la cause belge. Son souverain mépris de la mort exerçait sur son entourage et sur tous ceux qui l'approchaient un prestige et un ascendant irrésistibles.
Doué du fluide impératif, il savait faire passer dans l'âme de sa troupe du plus grand au plus petit, sa résolution farouche d'imposer sa volonté de vaincre.
    Rouling dont la doctrine fut «  :
aimer et servir » est un symbole, un drapeau.
    Il avait juré devant un cadre  blanc de ne pas tomber vivant dans les mains de l'ennemi et lui avait insufflé cette détermination irrévocable.
Tous ses officiers et sous-officiers auraient suivi son exemple.

    Ce vénérable professeur d'énergie a démontré qu'on peut fonder les plus grandes espérances sur des troupes belges étroitement unies, conduites par des chefs les connaissant bien et ayant la foi dans leur valeur.
    Kato est une leçon dont le souvenir ne peut se perdre et il est souhaitable qu'à l'occasion du 30e anniversaire de ce glorieux fait d'armes, le nom de Kato brille en lettres d'or sur le drapeau du 4° régiment des troupes coloniales.
Ce serait le plus bel hommage à rendre à la mémoire du colonel Rouling et de tous les artisans d'une victoire dont le recul du temps ne fait qu'accentuer le relief.

            Lieutenant Général PH. Molitor
                Commandant Supérieur des troupes coloniales belges 1918-1919









07/08/2007
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi